La Joie de vivre

La Joie de vivre (paragraphe n°316)

Chapitre II

La mer, cependant, battait deux fois par jour Bonneville de l'éternel balancement de sa houle, et Pauline grandissait dans le spectacle de l'immense horizon. Elle ne jouait plus, n'ayant point de camarade.Quand elle avait galopé autour de la terrasse avec Mathieu, ou promené au fond du potager la Minouche sur son épaule, son unique récréation était de regarder la mer, toujours vivante, livide par les temps noirs de décembre, d'un vert délicat de moire changeante aux premiers soleils de mai. L'année fut heureuse d'ailleurs, le bonheur que sa présence semblait avoir amené dans la maison, se manifesta encore par un envoi inespéré de cinq mille francs, que Davoine fit aux Chanteau, pour éviter une rupture dont ils le menaçaient. Très scrupuleusement, la tante allait chaque trimestre toucher à Caen les rentes de Pauline, prélevait ses frais et la pension allouée par le conseil de famille, puis achetait de nouveaux titres avec le reste, et, lorsqu'elle rentrait, elle voulait que la petite l'accompagnât dans sa chambre, elle ouvrait le fameux tiroir du secrétaire, en répétant :

?>