La Joie de vivre

La Joie de vivre (paragraphe n°333)

Chapitre II

Enfin, vers la Noël, l'état de Pauline inquiéta madame Chanteau. Elle se plaignait de vives douleurs aux reins, une courbature l'accablait, des accès de fièvre se déclarèrent. Lorsque le docteur Cazenove, devenu son grand ami, l'eut questionnée, il prit la tante à l'écart, pour lui conseiller d'avertir sa nièce. C'était le flot de la puberté qui montait ; et il disait avoir vu, devant la débâcle de cette marée de sang, des jeunes filles tomber malades d'épouvante. La tante se défendit d'abord, jugeant la précaution exagérée, répugnant à des confidences pareilles : elle avait pour système d'éducation l'ignorance complète, les faits gênants évités, tant qu'ils ne s'imposaient pas d'eux-mêmes. Cependant, comme le médecin insistait, elle promit de parler, n'en fit rien le soir, remit ensuite de jour en jour. L'enfant n'était pas peureuse ; puis, bien d'autres n'avaient pas été prévenues. Il serait toujours temps de lui dire simplement que les choses étaient ainsi, sans s'exposer d'avance à des questions et à des explications inconvenantes.

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