La Joie de vivre

La Joie de vivre (paragraphe n°512)

Chapitre III

Depuis quelque temps, Chanteau se tourmentait dans son fauteuil de goutteux. Bien qu'il n'osât lui refuser une signature, la façon dont sa femme administrait la fortune de leur pupille l'emplissait de crainte. Toujours le chiffre de cent mille francs sonnait à ses oreilles. Comment boucher un pareil trou, le jour où il aurait à rendre des comptes ? Et le pis était que le subrogé-tuteur, ceSaccard, qui emplissait alors Paris du tapage de ses spéculations, venait de se rappeler Pauline, après avoir paru l'oublier pendant près de huit ans. Il écrivait, demandait des nouvelles, parlait même de tomber un matin à Bonneville, en allant traiter une affaire à Cherbourg. Que répondre, s'il exigeait un état de situation, ainsi qu'il en avait le droit ? Son brusque réveil, à la suite d'une si longue indifférence, devenait menaçant.

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