La Joie de vivre

La Joie de vivre (paragraphe n°562)

Chapitre III

Avant de promettre son aide, le docteur désira causer avec Pauline. Depuis longtemps, il la sentait exploitée, mangée peu à peu ; si, jusque-là, il avait pu se taire, de crainte de la chagriner, son devoir était de la prévenir, à présent qu'on tentait de le prendre pour complice. L'affaire se débattit dans la chambre de la jeune fille. Sa tante assista au début de l'entretien ; elle avait accompagné le docteur pour déclarer que le mariage dépendait maintenant de l'émancipation, car jamais Lazare ne consentirait à épouser sa cousine, tant qu'on pourrait l'accuser de vouloir escamoter la reddition descomptes. Puis, elle se retira, en affectant de ne pas chercher à peser sur les idées de celle qu'elle appelait déjà sa fille adorée. Tout de suite, Pauline, très émue, supplia le docteur de leur rendre le service délicat dont on venait, devant elle, d'expliquer la nécessité. Vainement, il essaya de l'éclairer sur sa situation : elle se dépouillait, elle renonçait à tout recours, même il laissa voir sa peur de l'avenir, la ruine complète, l'ingratitude, beaucoup de souffrances. A chaque trait plus noir ajouté au tableau, elle se récriait, refusait d'entendre, montrait une hâte fébrile du sacrifice.

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