La Joie de vivre

La Joie de vivre (paragraphe n°674)

Chapitre IV

Une nuit, la jeune fille resta très tard à sa fenêtre. Depuis deux jours, son cousin parlait de tout brûler ; un soir, à table, il s'était écrié qu'il allait filer en Australie, puisqu'il n'y avait pas de place pour lui en France. Et elle songeait à ces choses, tandis que la marée, dans son plein, battait Bonneville, au fond des ténèbres. Chaque secousse l'ébranlait, elle croyait entendre, à intervalles réguliers, le hurlement des misérables mangés par la mer. Alors, le combat que l'amour de l'argent livrait encore à sa bonté devint insupportable. Elle ferma la fenêtre, ne voulant plus écouter. Mais les coups lointains lasecouèrent dans son lit. Pourquoi ne pas tenter l'impossible ? Qu'importait cet argent jeté à l'eau, s'il y avait une seule chance de sauver le village ? Et elle s'endormit au jour, en pensant à la joie de son cousin, tiré de ses tristesses noires, mis enfin peut-être sur sa véritable voie, heureux par elle, lui devant tout.

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