La Joie de vivre

La Joie de vivre (paragraphe n°805)

Chapitre IV

Alors, Lazare se fâcha : c'était fou, des idées pareilles ! avant une semaine, elle serait sur pied ! Il lui lâcha la main, il se sauva dans sa chambre sous un prétexte, car les sanglots l'étranglaient. Là, dans l'obscurité, il s'abandonna, tombé en travers du lit, où il ne couchait plus. Une certitude affreuse lui avait serré le cœur tout d'un coup : Pauline allait mourir, peut-être nepasserait-elle pas la nuit. Et l'idée qu'elle le savait, que son silence jusque-là était une bravoure de femme ménageant dans la mort même la sensibilité des autres, achevait de le désespérer. Elle le savait, elle verrait venir l'agonie, et il serait là, impuissant. Déjà, il se croyait aux derniers adieux, la scène se déroulait avec des détails lamentables, sur les ténèbres de la chambre. C'était la fin de tout, il prit l'oreiller entre ses bras convulsifs, il y enfonça la tête, pour étouffer le hoquet de ses larmes.

?>