La Joie de vivre

La Joie de vivre (paragraphe n°808)

Chapitre IV

Ce fut ce jour-là que Lazare crut la mort venue. Dès huit heures, la malade se trouva prise de nausées, chaque effort déterminait une crise d'étouffement très inquiétante. Bientôt des frissons parurent, elle était secouée d'un tremblement tel qu'on entendait claquer ses dents. Terrifié, Lazare cria par la fenêtre d'envoyer un gamin à Arromanches, bien qu'il attendît le docteur vers onze heures, comme d'habitude. La maison était plongée dans un silence morne, un vide s'y faisait, depuis que Pauline ne l'animait plus de son activité vibrante. Chanteau passait les journées en bas, silencieux, les regards sur ses jambes, avec la peur d'un accès, pendant que personne n'était là pour le soigner ; madame Chanteau forçait Louise à sortir, toutes deux vivaientdehors, rapprochées, très intimes maintenant ; et il n'y avait que le pas lourd de Véronique, montant et descendant sans cesse, qui troublait la paix de l'escalier et des pièces vides. Trois fois, Lazare était allé se pencher sur la rampe, impatient de savoir si la bonne avait pu décider quelqu'un à faire la course. Il venait de rentrer, il regardait la malade un peu plus calme, lorsque la porte, laissée entrouverte, craqua légèrement.

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