La Joie de vivre

La Joie de vivre (paragraphe n°842)

Chapitre IV

Un des premiers caprices de Pauline fut, le samedi suivant, de faire monter ses petits amis du village. On commençait à lui permettre les œufs à la coque, après la diète sévère qu'elle venait de garder pendant trois semaines. Elle put recevoir les enfants, assise, toujours très faible. Lazare avait dû fouiller de nouveau dans la commode, pour lui remettre des pièces de cent sous. Mais, lorsqu'elle eut questionné ses pauvres, et qu'elle se fut entêtée à régler avec eux ce qu'elle appelait ses comptes en retard, elle éprouva une telle lassitude, qu'il fallut la recoucher sans connaissance. Elle s'intéressait également à l'épi et aux palissades, demandait chaque jour s'ils tenaient bon. Des poutres avaient déjà faibli, son cousin lui mentait, en ne parlant que de deux ou trois planches déclouées. Un matin, restée seule, elle s'était échappée des draps, voulant voir la marée haute battre au loin les charpentes ; et, cette fois encore, ses forces renaissantes l'avaient trahie, elle serait tombée si Véronique n'était entrée à temps, pour la recevoir dans ses bras.

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