La Joie de vivre

La Joie de vivre (paragraphe n°931)

Chapitre V

Pauline, cependant, allait de mieux en mieux. Son grand plaisir, lorsqu'elle put se tenir debout et s'accouder à la fenêtre, fut de suivre, au loin, la construction des épis. On entendait nettement les coups de marteau, on voyait l'équipe de sept ou huit hommes, dont les taches noires s'agitaient comme de grandes fourmis, sur les galets jaunes de la plage. Entre deux marées, ils se bousculaient ; puis, ils devaient reculer devant le flot montant. Mais Pauline, surtout, s'intéressait au veston blanc de Lazare et à la robe rose de Louise, qui éclataient au soleil. Elle les suivait, les retrouvait toujours, aurait pu raconter l'emploi de leur journée, à un geste près. Maintenant que les travaux étaient poussés vigoureusement, tous deux ne pouvaient plus s'écarter, aller aux grottes, derrière les falaises. Elle les avait sanscesse à un kilomètre, d'une délicatesse amusante de poupées, sous le ciel immense. Et, dans ses forces qui revenaient, dans la gaieté de sa convalescence, entrait pour beaucoup, à son insu, la joie jalouse d'être ainsi avec eux.

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