La Joie de vivre

La Joie de vivre (paragraphe n°944)

Chapitre V

Véronique s'interrompait net, en sentant près d'elle le tressaillement de Pauline. Sans cesse elle revenait à ce sujet, avec la démangeaison d'en dire davantage. Tout ce qu'elle entendait, tout ce qu'elle voyait à présent, lui restait dans la gorge et l'étranglait : les conversations du soir où la jeune fille était mangée, les rires furtifs de Lazare et de Louise, la maison entière ingrate, glissant à la trahison. Si elle était montée sur le coup, quand une injustice trop forte révoltait son bon sens, elle aurait tout rapporté à la convalescente ; mais la peur de rendre celle-ci malade encore la retenait à piétiner dans sa cuisine,brutalisant ses marmites, jurant que ça ne pouvait pas durer, qu'elle éclaterait une bonne fois. Puis, en haut, dès qu'un mot inquiétant lui échappait, elle tâchait de le rattraper, elle l'expliquait avec une maladresse touchante.

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