La Terre

La Terre (paragraphe n°1010)

Chapitre V

Il y avait en bas, sur la route, à l'encoignure de l'école, une fontaine d'eau vive, où toutes les femmes descendaient prendre leur eau de table, les maisons n'ayant que des mares, pour le bétail et l'arrosage. A six heures, le soir, c'était là que se tenait la gazette du pays ; les moindres événements y trouvaient un écho, on s'y livrait à des commentaires sans fin sur ceux-ci qui avaient mangé de la viande, sur la fille à ceux-là, grosse depuis la Chandeleur ; et, pendant les deux années, les mêmes commérages avaient évolué avec les saisons, revenant et se répétant, toujours des enfants faits trop tôt, des hommes soûls, des femmes battues, beaucoup de besogne pour beaucoup de misère. Il était arrivé tant de choses et rien du tout !

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