La Terre

La Terre (paragraphe n°1630)

Partie : TROISIEME PARTIE, chapitre III

Le bal s'animait, on n'entendait que le trombone de Clou, pétaradant et étouffant le jeu grêle du petit violon. La terre battue, trop arrosée, faisait boue sous les lourdes semelles ; et, bientôt, de toutes les cottes remuées, des vestes et des corsages que mouillaient, aux aisselles, delarges taches de sueur, il monta une violente odeur de bouc, qu'accentuait l'âcreté filante des lampes. Mais, entre deux quadrilles, une chose émotionna, l'entrée de Berthe, la fille aux Macqueron, vêtue d'une toilette de foulard, pareille à celles que les demoiselles du percepteur portaient à Cloyes, le jour de la Saint-Lubin. Quoi donc ? ses parents lui avaient-ils permis de venir ? ou bien, derrière leur dos, s'était-elle échappée ? Et l'on remarqua qu'elle dansait uniquement avec le fils d'un charron, que son père lui avait défendu de voir, à cause d'une haine de famille. On en plaisantait : paraît que ça ne l'amusait plus, de se détruire la santé toute seule !

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