La Terre

La Terre (paragraphe n°1711)

Partie : TROISIEME PARTIE, chapitre IV

Côte à côte, Buteau et Françoise s'étaient couchés. Ils fumaient de sueur, maintenant qu'ils ne bougeaient plus, silencieux, les yeux clos. Tout de suite, un sommeil de plomb les accabla, ils dormirent une heure ; et la sueur ne cessait pas, coulait de leurs membres, sous cet air immobile et pesant de fournaise. Lorsque Françoiserouvrit les yeux, elle vit Buteau, tourné sur le flanc, qui la regardait d'un regard jaune. Elle referma les paupières, feignit de se rendormir. Sans qu'il lui eût encore rien dit, elle sentait bien qu'il voulait d'elle, depuis qu'il l'avait vue pousser et qu'elle était une vraie femme. Cette idée la bouleversait : oserait-il, le cochon, que toutes les nuits elle entendait s'en donner avec sa sœur ? Jamais ce rut hennissant de cheval ne l'avait irritée à ce point. Oserait-il ? et elle l'attendait, le désirant sans le savoir, décidée, s'il la touchait, à l'étrangler.

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