La Terre

La Terre (paragraphe n°1802)

Partie : TROISIEME PARTIE, chapitre V

Vers dix heures, lorsqu'on eut couché le petit Jules, Buteau, ennuyé de voir que rien n'arrivait, décidé à dormir, laissa Lise et Françoise s'entêter dans l'étable, autour de la Coliche, dont les souffrances grandissaient. Toutes deux commençaient à être inquiètes, ça ne marchait guère, bien que le travail, du côté des os, parût fini. Le passage y était, pourquoi le veau ne sortait-il pas ? Elles flattaient la bête, l'encourageaient, lui apportaient des friandises, du sucre, que celle-ci refusait, la tête basse, la croupe agitée de secousses profondes. A minuit, Lise, qui jusque-là s'était tordue, se trouva brusquement soulagée : ce n'était encore, pour elle, qu'une fausse alerte, des douleurs errantes ; mais elle fut persuadée qu'elle avait rentré ça, comme elle aurait réprimé un besoin. Et, la nuit entière, elle et sa sœur veillèrent la Coliche, la soignant, faisant chauffer des torchons qu'elles lui appliquaient brûlants sur la peau ; tandis que l'autre vache, Rougette, la dernière achetée au marché de Cloyes, étonnée de cette chandelle qui brûlait, les suivait de ses gros yeux bleuâtres, ensommeillés.

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