La Terre

La Terre (paragraphe n°2057)

Chapitre I

C'était l'époque abominable, la Beauce dépouillée, désolée, étalant ses champs nus, sans un bouquet de verdure. Les chaleurs de l'été, le manque absolu d'eau, avaient séché la terre qui se fendait ; et toute végétation disparaissait, il n'y avait plus que la salissure des herbes mortes, que le hérissement dur des chaumes, dont lescarrés, à l'infini, élargissaient le vide ravagé et morne de la plaine, comme si un incendie eût passé d'un bout à l'autre de l'horizon. Un reflet jaunâtre semblait en être resté au ras du sol, une lumière louche, un éclairage livide d'orage : tout paraissait jaune, d'un jaune affreusement triste, la terre rôtie, les moignons des tiges coupées, les chemins de campagne, bossués, écorchés par les roues. Au moindre coup de vent, de grandes poussières s'envolaient, couvrant les talus et les haies de leur cendre. Et le ciel bleu, le soleil éclatant, n'étaient qu'une tristesse de plus, au-dessus, de cette désolation.

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