La Terre

La Terre (paragraphe n°2058)

Chapitre I

Justement, ce jour-là, il faisait un grand vent, des souffles chauds et brusques, qui amenaient des galops de gros nuages ; et, lorsque le soleil se dégageait, il avait une morsure de fer rouge, il brûlait la peau. Depuis le matin, Soulas attendait, pour lui et pour ses bêtes, de l'eau qu'on devait apporter de la ferme ; car le chaume où il se trouvait, était au nord de Rognes, loin de toute mare. Dans le parc, au milieu des claies mobiles, que fixaient les bâtons des crosses, enfoncés en terre, les moutons, vautrés, respiraient d'une haleine courte et pénible ; tandis que les deux chiens, allongés en dehors, haletaient eux aussi, la langue pendante. Le berger, pour avoir un peu d'ombre, s'était assis contre la cabane à deux roues, qu'il poussait à chaque déplacement du parc, une étroite niche qui lui servait de lit, d'armoire et de garde-manger. Mais, à midi, le soleil tapa d'aplomb, et il se remit debout, regardant au loin si Auguste revenait de la ferme, où il l'avait envoyé, voir pourquoi le tonneau n'arrivait pas.

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