La Terre

La Terre (paragraphe n°2185)

Chapitre II

Alors, Buteau triompha. Depuis que Fouan était chez les Delhomme, il enrageait de jalousie, car il n'ignorait pas ce qu'on disait dans Rognes : bien sûr que ça ne gênait point les Delhomme, de nourrir leur père ; tandis que les Buteau, dame ! ils n'avaient pas de quoi. Aussi, dans les premiers temps, le poussa-t-il à la nourriture, rien que pour l'engraisser, histoire de prouver qu'on ne crevait pas de faim chez lui. Et puis, il y avait les centcinquante francs de rente, provenant de la maison vendue, que le père laisserait certainement à celui de ses enfants qui l'aurait gardé. D'autre part, ne l'ayant plus à sa charge, Delhomme allait sans doute recommencer à lui payer sa part de la rente annuelle, deux cents francs, ce qu'il fit en effet. Buteau comptait sur ces deux cents francs. Il avait tout calculé, il s'était dit qu'il aurait la gloire d'être un bon fils, en ne rien sortant de sa poche, et avec l'espérance d'en être récompensé, plus tard ; sans parler du magot qu'il soupçonnait toujours au vieux, bien qu'il ne fût jamais parvenu à avoir une certitude.

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