La Terre

La Terre (paragraphe n°2379)

Chapitre III

Rue Grouaise, chez monsieur Baillehache, Fouan passa un fichu moment ; d'autant plus que l'étude était envahie, tout le monde utilisant le jour du marché, et qu'il dut attendre près de deux heures. Ça lui rappela le samedi où il était venu décider le partage : bien sûr que, ce samedi-là, il aurait mieux fait d'aller se pendre. Quand le notaire les reçut enfin, et qu'il fallut signer, le vieux chercha ses lunettes, les essuya ; mais ses yeux pleins d'eau les brouillaient, sa main tremblait, si bien qu'on futobligé de lui poser les doigts sur le papier, au bon endroit, pour qu'il y mit son nom, dans un pâté d'encre. Ça lui avait tellement coûté, qu'il en suait, hébété, grelottant, regardant autour de lui, comme après une opération, quand on vous a coupé la jambe et qu'on la cherche. Monsieur Baillehache sermonnait sévèrement Jésus-Christ ; et il les renvoya en dissertant sur la loi : la démission de biens était immorale, on arriverait certainement à en élever les droits, pour l'empêcher de se substituer à l'héritage.

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