La Terre

La Terre (paragraphe n°2554)

Chapitre IV

Le père Fouan était très gai. Peut-être, tout de même, qu'il ferait bien de reprendre pension chez son cadet, car le vin y serait bon cette année. Il avait dû quitter la salle à son tour, il roulait ça dans sa tête, au milieu de la nuit noire, lorsqu'il entendit Buteau et Lise, sortis derrière son dos, accroupis côte à côte le long de la haie, et se querellant, parce que le mari reprochait à la femme de ne pas se montrer assez tendre avec son père. Sacrée dinde ! fallait l'embobiner, pour le ravoir et lui étourdir son magot. Le vieux, dégrisé, tout froid, eut un geste, s'assura qu'on ne lui avait pas volé les papiers dans sa poche ; et, quand on se fut tous embrassés en partant, quand il se retrouva au Château, il était bien résolu à ne point en déménager. Mais la nuit même, il eut une vision qui le glaça : la Trouille en chemise, à travers la chambre,rôdant, fouillant sa culotte, sa blouse, regardant jusque dans ses souliers. Evidemment, Jésus-Christ, n'ayant plus trouvé le magot envolé de la marmite aux lentilles, envoyait sa fille le chercher pour l'étourdir, comme disait Buteau.

?>