La Terre

La Terre (paragraphe n°262)

Chapitre III

Fouan, un instant, resta immobile devant cette porte close. Puis, il eut un geste de décision résignée, il gravit le sentier qui menait à la place de l'Eglise. Là, justement, se trouvait l'antique maison patrimoniale des Fouan, que son frère Michel, dit Mouche, avait eu jadis dans le partage ; tandis que la maison habitée par lui, en bas, sur la route, venait de sa femme Rose. Mouche, veuf depuis longtemps, vivait seul avec ses deux filles, Lise et Françoise, dans une aigreur de malchanceux, encore humilié de son mariage pauvre, accusant son frère et sa sœur, après quarante ans, de l'avoir volé, lors du tirage des lots ; et il racontait sans fin l'histoire, le lot le plus mauvais qu'on lui avait laissé au fond du chapeau, ce qui semblait être devenu vrai à la longue, car il se montrait si raisonneur et si mou au travail, que sa part, entre ses mains, avait perdu de moitié. L'homme fait la terre, comme on dit en Beauce.

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