La Terre

La Terre (paragraphe n°2661)

Chapitre V

Et il faut que ça arrive, c'est fatal, comme qui dirait un caillou qu'on a lancé en l'air et qui retombe forcément... Et il n'y a plus là-dedans des histoires de curé, des choses de l'autre monde, le droit, la justice, qu'on n'a jamais vues, pas plus qu'on n'a vu le bon Dieu ! Non, il n'y a que le besoin que nous avons tous d'être heureux... Hein ? mes bougres, dites-vous qu'on va s'entendre pour que chacun s'en donne par-dessus la tête, avec le moins de travail possible ! Les machines travailleront pour nous, la journée de simple surveillance ne sera plus que de quatre heures ; peut-être même qu'on arrivera à se croiser complètement les bras. Et partout des plaisirs, tous les besoins cultivés et contentés, oui ! de la viande, du vin, des femmes, trois fois davantage qu'on n'en peut prendre aujourd'hui, parce qu'on se portera mieux. Plus de pauvres, plus de malades, plus de vieux, à cause de l'organisation meilleure, de la vie moins dure, des bons hôpitaux, des bonnes maisons de retraite. Un paradis ! toute la science mise à se la couler douce ! la vraie jouissance enfin d'être vivant !

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