La Terre

La Terre (paragraphe n°2836)

Chapitre I

Les Buteau étaient toujours chez la Frimat, où ils occupaient la maison, sauf la pièce du rez-de-chaussée, sur le derrière, qu'elle s'était réservée pour elle et pour son homme paralytique. Ils s'y trouvaient trop à l'étroit, leur regret était surtout de ne plus avoir de potager ; car, naturellement, elle gardait le sien, ce coin qui lui suffisait à nourrir et à dorloter l'infirme. Cela les aurait fait déménager, en quête d'une installation plus large, s'ils ne s'étaient aperçus que leur voisinage exaspérait Françoise. Seul, un mur mitoyen séparait les deux héritages. Et ils affectaient de dire très haut, afin d'être entendus, qu'ils campaient là, qu'ils allaient pour sûr rentrer chez eux, à côté, au premier jour. Alors, inutile, n'est-ce pas ? de se donner le souci d'un nouveau dérangement ? Pourquoi, comment rentreraient-ils ? ils ne s'expliquaient point, et c'était cet aplomb, cette certitude folle, basée sur deschoses inconnues, qui jetait Françoise hors d'elle, gâtant sa joie d'être restée maîtresse de la maison ; sans compter que sa sœur Lise plantait des fois une échelle contre le mur, pour lui crier de vilaines paroles. Depuis le règlement définitif des comptes, chez monsieur Baillehache, elle se prétendait volée, elle ne tarissait pas en accusations abominables, lancées d'une cour à l'autre.

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