La Terre

La Terre (paragraphe n°294)

Chapitre III

Dix heures sonnaient. Ils pressèrent le pas, car le vent avait faibli, un gros nuage noir venait de lâcher une première averse. Les quelques vignes de Rognes se trouvaient au-delà de l'église, sur le coteau qui descendait jusqu'à l'Aigre. Jadis, le château se dressait à cette place, avec son parc ; et il n'y avait guère plus d'un demi-siècle que les paysans, encouragés par le succès des vignobles de Montigny, près de Cloyes, s'étaient avisés de planter en vignes ce coteau, que son exposition au midi et sa pente raide désignaient. Le vin en fut pauvre, mais d'une aigreur agréable, rappelant les petits vins de l'Orléanais. Du reste, chaque habitant en récoltait à peine quelques pièces ; le plus riche, Delhomme, possédait six arpents de vignes ; et la culture du pays était toute aux céréales et aux plantes fourragères.

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