La Terre

La Terre (paragraphe n°351)

Chapitre IV

La route dévalait à pic, et la rive gauche de l'Aigre, avant le pont de pierre, n'était bâtie que de quelquesmaisons, une sorte de faubourg que l'abbé traversa de son allure de tempête. Il n'eut pas même un regard, ni en amont, ni en aval, pour la rivière lente et limpide, dont les courbes se déroulaient parmi les prairies, au milieu des bouquets de saules et de peupliers. Mais, sur la rive droite, commençait le village, une double file de façades bordant la route, tandis que d'autres escaladaient le coteau, plantées au hasard ; et, tout de suite après le pont, se trouvaient la mairie et l'école, une ancienne grange surélevée d'un étage, badigeonnée à la chaux. Un instant, l'abbé hésita, allongea la tête dans le vestibule vide. Puis, il se tourna, il parut fouiller d'un coup d'œil deux cabarets, en face : l'un, avec une devanture propre, garnie de bocaux, surmontée d'une petite enseigne de bois jaune, où se lisait en lettres vertes : Macqueron épicier ; l'autre à la porte simplement ornée d'une branche de houx, étalant en noir sur le mur grossièrement crépi ces mots : Tabac, chez Lengaigne. Et, entre les deux, il se décidait à prendre une ruelle escarpée, un raidillon qui menait droit devant l'église, lorsque la vue d'un vieux paysan l'arrêta.

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