La Terre

La Terre (paragraphe n°824)

Chapitre III

Un jour, enfin, Jean, vers quatre heures, s'échappa de la ferme, résolu à parler. Cette heure était celle où Françoise menait ses vaches à la pâture du soir ; et il l'avait choisie, pour être seul avec Lise. Mais un contretemps le consterna d'abord : la Frimat, installée en voisine obligeante, aidait justement la jeune femme à couler la lessive, dans la cuisine. La veille, les deux sœurs avaient essuyé le linge. Depuis le matin, l'eau de cendre, que parfumaient des racines d'iris, bouillait dans un chaudron, accroché à la crémaillère, au-dessus d'un feu clair de peuplier. Et, les bras nus, la jupe retroussée, Lise, armée d'un pot de terre jaune, puisait de cette eau, arrosait le linge dont le cuvier était rempli : au fond les draps, puis les torchons, les chemises, et par-dessus des draps encore. La Frimat ne servait donc pas à grand-chose ; mais elle causait, en se contentant, toutes les cinq minutes, d'enlever et de vider dans le chaudron le seau, qui, sous le baquet, recevait l'égoutture continue de la lessive.

?>