Le Docteur Pascal

Le Docteur Pascal (paragraphe n°1011)

Chapitre VIII

Vers ce temps, Clotilde s'amusa plusieurs jours à un grand pastel, où elle évoquait la scène tendre du vieux roi David et d'Abisaïg, la jeune Sunamite. Et c'était une évocation de rêve, une de ces compositions envolées où l'autre elle-même, la chimérique, mettait son goût du mystère. Sur un fond de fleurs jetées, des fleurs en pluie d'étoiles, d'un luxe barbare, le vieux roi se présentait de face, la main posée sur l'épaule nue d'Abisaïg ; et l'enfant, très blanche, était nue jusqu'à la ceinture. Lui, vêtu somptueusement d'une robe toute droite, lourde de pierreries, portait le bandeau royal sur ses cheveux de neige. Mais elle, était plus somptueuse encore, rien qu'avec la soie liliale de sa peau, sa taille mince et allongée, sa gorge ronde et menue, ses bras souples, d'une grâce divine. Il régnait, à s'appuyait en maître puissant et aimé, sur cette sujette élue entre toutes, si orgueilleuse d'avoir été choisie, si ravie de donner à son roi le sang réparateur de sa jeunesse. Toute sa nudité limpide et triomphante exprimait la sérénité de sasoumission, le don tranquille, absolu, qu'elle faisait de sa personne, devant le peuple assemblé, à la pleine lumière du jour. Et il était très grand, et elle était très pure, et il sortait d'eux comme un rayonnement d'astre.

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