Le Docteur Pascal

Le Docteur Pascal (paragraphe n°1021)

Chapitre VIII

Alors, ils cessèrent de rire, penchés au-dessus de la Bible antique, dont elle tournait les pages, de ses doigts minces. Et lui, derrière, avait sa barbe blanche mêlée aux cheveux blonds de l'enfant. Il la sentait toute, il la respirait toute. Il avait posé ses lèvres sur sa nuque délicate, il baisait sa jeunesse en fleur, tandis que les naïves gravures sur bois continuaient à défiler, ce monde biblique qui s'évoquait des pages jaunies, cette poussée libre d'une race forte et vivace, dont l'œuvre devait conquérir le monde, ces hommes à la virilité jamais éteinte, ces femmes toujours fécondes, cette continuité entêtée et pullulante de la race, au travers des crimes, des incestes, des amours hors d'âge et hors de raison. Et il était envahi d'une émotion, d'une gratitude sans bornes, car son rêve à lui se réalisait, sa pèlerine d'amour, son Abisaïg venait d'entrer dans sa vie finissante, qu'elle reverdissait et qu'elle embaumait.

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