Le Docteur Pascal

Le Docteur Pascal (paragraphe n°1567)

Chapitre XII

En effet, toute sa terreur de savant traqué et menacé était revenue. Depuis qu'il vivait seul, il avait la sensation d'un danger renaissant, d'un guet-apens continu, dressé dans l'ombre. Le cercle se resserrait, et s'il se montrait si rude contre les tentatives d'envahissement, s'il repoussait les assauts de sa mère, c'était qu'il ne se trompait pas sur ses projets véritables et qu'il avait peur d'être faible. Quand elle serait là, elle le posséderait peu à peu, au point de le supprimer. Aussi ses tortures recommençaient-elles, il passait les journées en surveillance, il fermait lui-même les portes, le soir, et souvent il se relevait, la nuit, pour s'assurer qu'on ne forçait pas les serrures. Son inquiétude était que la servante, gagnée, croyant assurer son salut éternel, n'ouvrît à sa mère. Il croyait voir les dossiers flamber dans la cheminée, il montait la garde autour d'eux, repris d'une passion souffrante, d'une tendresse déchirée, pour cet amas glacé de papiers, ces froides pages de manuscrits, auxquelles il avait sacrifié la femme, et qu'il s'efforçait d'aimer assez, afin d'oublier le reste.

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