Le Docteur Pascal

Le Docteur Pascal (paragraphe n°186)

Chapitre II

D'ordinaire, Clotilde aimait passionnément cette solitude, ce royaume étroit qu'elle pouvait visiter en dix minutes et qui gardait pourtant des coins de sa grandeur passée. Mais, ce matin-là, elle y apportait une colère sourde. Un moment, elle s'avança sur la terrasse, aux deux bouts de laquelle étaient plantés des cyprès centenaires, deux énormes cierges sombres, qu'on voyait de trois lieues. La pente ensuite dévalait jusqu'au chemin de fer, des murs de pierres sèches soutenaient les terres rouges, où les dernières vignes étaient mortes ; et, sur ces sortes de marches géantes, il ne poussait plus que des files chétives d'oliviers et d'amandiers, au feuillage grêle. La chaleur était déjà accablante, elle regarda de petits lézards qui fuyaient sur les dalles disjointes, entre des touffes chevelues de câpriers.

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