Le Docteur Pascal

Le Docteur Pascal (paragraphe n°1892)

Chapitre XIV

Lorsque Clotilde eut rangé sur une planche les couches et les brassières, elle aperçut, dans une grande enveloppe, les débris des dossiers qu'elle avait remis là, après les avoir sauvés du feu. Et elle se souvint d'une prière que le docteur Ramond était venu lui adresser la veille encore : celle de regarder si, parmi ces débris, il ne restait aucun fragment de quelque importance, ayant un intérêt scientifique. Il était désespéré de la perte des manuscrits inestimables que lui avait légués le maître.Tout de suite après la mort, il s'était bien efforcé de rédiger l'entretien suprême qu'il avait eu, cet ensemble de vastes théories exposées par le moribond avec une sérénité si héroïque ; mais il ne retrouvait que des résumés sommaires, il lui aurait fallu les études complètes, les observations faites au jour le jour, les résultats acquis et les lois formulées. La perte demeurait irréparable, c'était une besogne à recommencer, et il se lamentait de n'avoir que des indications, il disait qu'il y aurait là, pour la science, un retard de vingt ans au moins, avant qu'on reprît et qu'on utilisât les idées du pionnier solitaire, dont une catastrophe sauvage et imbécile avait détruit les travaux.

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