Le Docteur Pascal

Le Docteur Pascal (paragraphe n°352)

Chapitre III

Martine courut chercher le landau, et trois heures n'étaient pas sonnées, lorsque les deux chevaux enfilèrent la route de Nice, dévalant la pente qui descendait jusqu'au pont de la Viorne. On tournait ensuite à gauche, pour longer pendant près de deux kilomètres les bords boisés de la rivière. Puis, la route s'engageait dans les gorges de la Seille, un défilé étroit entre deux murs géants de roches cuites et dorées par les violents soleils. Des pins avaient poussé dans les fentes ; des panaches d'arbres, à peine gros d'en bas comme des touffes d'herbe, frangeaient les crêtes, pendaient sur le gouffre. Et c'était un chaos, un paysage foudroyé, un couloir de l'enfer, avec ses détours tumultueux, ses coulures de terre sanglante glissées de chaque entaille, sa solitude désolée que troublait seul le vol des aigles.

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