Le Docteur Pascal

Le Docteur Pascal (paragraphe n°693)

Chapitre VI

Pascal, à présent, lorsqu'il se levait, le matin, se sentait anéanti de fatigue, plus appesanti et plus las qu'il n'était la veille, en se couchant. C'était ainsi une continuelle détresse de tout son être, les jambes molles après cinq minutes de marche, le corps broyé au moindre effort, ne pouvant faire un mouvement, sans qu'il y eût au bout l'angoisse d'une souffrance. Parfois, le sol lui semblait avoir une brusque oscillation sous ses pieds. Des bourdonnements continus l'étourdissaient, deséblouissements lui faisaient fermer les paupières, comme sous la menace d'une grêle d'étincelles. Il était pris d'une horreur du vin, ne mangeait guère, digérait mal. Puis, dans l'apathie de cette paresse croissante, éclataient des emportements soudains, des folies d'inutile activité. L'équilibre se trouvait rompu, sa faiblesse irritable se jetait aux extrêmes, sans raison aucune. Pour la plus légère émotion, des larmes lui emplissaient les yeux. Il avait fini par s'enfermer, dans des crises de désespérance telles, qu'il pleurait à gros sanglots, pendant des heures, en dehors de tout chagrin immédiat, écrasé sous la seule et immense tristesse des choses.

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