Le Rêve

Le Rêve (paragraphe n°1038)

Chapitre XIV

A dix heures, les orgues grondèrent, Angélique et Félicien entraient, marchant à petits pas vers le maître-autel, entre les rangs pressés de la foule. Un souffle d'admiration attendrie fit onduler les têtes. Lui, très ému, passait fier et grave, dans sa beauté blonde de jeune dieu, aminci encore par la sévérité de l'habit noir. Mais elle, surtout, soulevait les cœurs, si adorable, si divine, d'un charme mystérieux de vision. Sa robe était de moire blanche, simplement couverte de vieilles malines, que retenaient des perles, des cordons de perles fines dessinant les garnitures du corsage et les volants de la jupe. Un voile d'ancien point d'Angleterre, fixé sur la tête par une triple couronne de perles, l'enveloppait, descendait jusqu'aux talons. Et rien autre, pas une fleur, pas un bijou, rien que ce flot léger, ce nuage frissonnant, qui semblait mettre dans un battement d'ailes sa petite figure douce de vierge de vitrail, aux yeux de violette, aux cheveux d'or.

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