Le Rêve

Le Rêve (paragraphe n°204)

Chapitre IV

Jamais Angélique ne se lassait, en face de ce coin perdu. Et, pendant sept années pourtant, elle n'y avait retrouvé chaque matin que le spectacle déjà regardé la veille. Les arbres de l'hôtel Voincourt, dont la façade donnait sur la Grand-Rue, étaient si touffus, que, l'hiver seulement, elle distinguait la fille de la comtesse, Claire, une enfant de son âge. Dans le jardin de l'Evêché, c'était une épaisseur de branches plus profonde encore, elle avait tenté en vain de reconnaître la soutane de Monseigneur ; et la vieille grille garnie de volets, qui s'ouvrait sur le clos, devait être condamnée depuis longtemps, car elle ne se souvenait pas de l'avoir vue entrebâillée une seule fois, même pour livrer passage à un jardinier. En dehors des ménagères battant leur linge, elle n'apercevait toujours là que les mêmes petits pauvres en guenilles, couchés dans les herbes.

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