Le Rêve

Le Rêve (paragraphe n°424)

Chapitre VII

Mais, surtout, la crainte d'être la coupable, d'avoir été méchante, désolait Angélique. Peut-être la fille mauvaise avait-elle repoussé. Etonnée, elle se rappelait son manèged'indifférence, la façon moqueuse dont elle accueillait Félicien, le plaisir de malice qu'elle prenait à lui donner d'elle une idée fausse. Ses larmes redoublaient, son cœur fondait d'une pitié immense, infinie, pour la souffrance qu'elle avait ainsi faite, sans le vouloir. Elle le revoyait toujours s'en allant, elle avait présente la désolation de son visage, ses yeux troubles, ses lèvres tremblantes ; et elle le suivait dans les rues, chez lui, pâle, blessé à mort par elle, perdant le sang goutte à goutte. Où était-il, à cette heure ? ne frissonnait-il pas de fièvre ? Ses mains se serraient d'angoisse, à l'idée de ne savoir comment réparer le mal. Ah ! faire souffrir, cette pensée la révoltait ! Elle aurait voulu être bonne, tout de suite, faire du bonheur autour d'elle.

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