Le Rêve

Le Rêve (paragraphe n°49)

Chapitre I

Et, d'un brusque élan, comme les Hubert le refermaient pour le lui rendre, elle le leur arracha. Puis, assise, elle s'abandonna sur la table, le tenant entre ses bras et sanglotant, la joue contre la couverture de toile rose. Une humilité affreuse abattait son orgueil, tout son être semblait se fondre, dans l'amertume de ces quelques pages aux coins usés, de cette pauvre chose, qui était son trésor, l'unique lien qui la rattachât à la vie du monde. Elle ne pouvait vider son cœur d'un si grand désespoir, ses larmes coulaient, coulaient sans fin ; et, sous cet écrasement, elle avait retrouvé sa jolie figure de gamine blonde, à l'ovale un peu allongé, très pur, ses yeux de violette que la tendresse pâlissait, l'élancement délicat de son col qui la faisait ressembler à une petite vierge de vitrail. Tout d'un coup, elle saisit la main d'Hubertine, elle y colla ses lèvres avides de caresses, elle la baisa passionnément.

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