Le Rêve

Le Rêve (paragraphe n°783)

Chapitre XI

Hubert lui-même le crut, se rendit à la sagesse d'Hubertine, travailla à écarter Félicien, qui, n'osant encore se révolter contre son père, s'enfiévrait, au point de ne plus tenir la promesse qu'il avait faite d'attendre, sans tâcher de revoir Angélique. Il lui écrivit, et les lettres furent interceptées. Il se présenta un matin, et ce fut Hubert qui le reçut. L'explication les désespéra autant l'un que l'autre, tellement le jeune homme montra sa peine, lorsque le brodeur lui dit le calme convalescent de sa fille, en le suppliant d'être loyal, de disparaître, pour ne pas la rejeter au trouble affreux du dernier mois. Félicien s'engagea de nouveau à la patience ; mais il refusa violemment de reprendre sa parole, il espérait toujours convaincre son père. Il attendrait, il laisserait les choses en l'état avec les Voincourt, où il dînait deux fois par semaine, dans l'unique but d'éviter une rébellion ouverte. Et, comme il partait, il supplia Hubert d'expliquer à Angélique pourquoi il consentait au tourment de ne pas la voir : il ne pensait qu'à elle, tous ses actes n'avaient d'autre fin que de la conquérir.

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