Le Rêve

Le Rêve (paragraphe n°800)

Chapitre XI

Elle restait à genoux, un flot d'idées confuses bourdonnait dans sa tête. La nouvelle ne la surprenait point, elle la sentait vraie. Sa mère l'avait avertie, elle devait s'y attendre. Mais, en ce premier moment, ce qui lui brisait ainsi les jambes, c'était la pensée que, tremblant devant son père, Félicien pouvait épouser l'autre, sans l'aimer, un soir de lassitude. Alors, il serait perdu pour elle, qu'il adorait. Jamais elle n'avait songé à cette faiblesse possible, elle le voyait plié sous le devoir, faisant au nom de l'obéissance leur malheur à tous deux. Et, sans qu'elle bougeât encore, ses yeux s'étaient portés vers la grille, une révolte la soulevait enfin, le besoin d'en aller secouer les barreaux, de l'ouvrir de ses ongles, de courir près de lui et de le soutenir de son courage, pour qu'il ne cédât pas.

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