Le Rêve

Le Rêve (paragraphe n°859)

Chapitre XII

Enfin, il y eut un bruit. Et, sur le balcon, Félicien parut, tremblant, amaigri, comme elle. Sa face était bouleversée, il s'élançait dans la chambre, lorsqu'il l'aperçut, affaissée ainsi au fond du fauteuil, pitoyable et si belle. Une douleur infinie lui serra le cœur, il s'agenouilla, s'abîma dans une contemplation navrée. Elle n'était donc plus, le mal l'avait donc détruite, qu'elle lui semblait ne plus peser, s'être allongée là, ainsi qu'une plume que le vent allait reprendre ? Dans son clair sommeil, sa souffrance se voyait, et sa résignation. Il ne la reconnaissait qu'à sa grâce de lis, l'élancement de son col délicat sur ses épaules tombantes, sa face longue et transfigurée de vierge volant au ciel. Les cheveux n'étaient plus que de la lumière, l'âme de neige éclatait sous la soie transparente de la peau. Elle avait la beauté des saintes délivrées de leur corps, il en était ébloui et désespéré, dans un saisissement qui l'immobilisait, les mains jointes. Elle ne se réveillait pas, il la regardait toujours.

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