Le Rêve

Le Rêve (paragraphe n°908)

Chapitre XII

Venez, les routes sont noires à cette heure, la voiture nous emportera dans les ténèbres ; et nous irons toujours, toujours, bercés, endormis aux bras l'un de l'autre, comme enfouis sous un duvet, sans craindre les fraîcheurs de la nuit ; et, quand le jour se lèvera, nous continuerons dans le soleil, encore, encore plus loin, jusqu'à ce que nous soyons arrivés au pays où l'on est heureux... Personne ne nous connaîtra, nous vivrons, cachés au fond de quelque grand jardin, n'ayant d'autre soin que de nous aimer davantage, à chaque journée nouvelle. Il y aura là des fleurs grandes comme des arbres, des fruits plus doux que le miel. Et nous vivrons de rien, au milieu de cet éternel printemps, nous vivrons de nos baisers, ma chère âme.

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