Le Rêve

Le Rêve (paragraphe n°970)

Chapitre XIII

Deux jours s'écoulèrent, Félicien rôdait devant la petite maison, fou de douleur, aux aguets des nouvelles. Chaque fois que sortait quelqu'un, il défaillait de crainte. Et ce fut ainsi que le matin où Hubertine courut à l'église demander les saintes huiles, il sut qu'Angélique ne passerait pas la journée. L'abbé Cornille n'était pas là, il battit la ville pour le trouver, mettant en lui une dernière espérance de secours divin. Puis, comme il ramenait le bon prêtre, son espoir s'en alla, il tomba à une crise de doute et de rage. Que faire ? de quelle façon obliger le ciel à intervenir ? Il s'échappa, força de nouveau les portes de l'Evêché ; et l'évêque, un moment, eut peur, devant l'incohérence de ses paroles. Ensuite, il comprit : Angélique agonisait, elle attendait l'extrême-onction, Dieu seul pouvait la sauver. Le jeune homme n'était venu que pour crier sa peine, rompre avec ce père abominable, lui jeter son meurtre au visage. Mais Monseigneur l'écoutait sans colère, les yeux éclairés brusquement d'un rayon, comme si une voix enfin avait parlé. Et il lui fit signe de marcher le premier, il le suivit, en disant :

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