Le Rêve

Le Rêve (paragraphe n°977)

Chapitre XIII

Des gouttes jaillissaient, tout le grand lit en était rafraîchi, comme d'une rosée. Il en plut sur les doigts, sur les joues ; mais, une à une, elles y roulaient, ainsi que sur un marbre insensible. Et l'évêque se tourna ensuite vers les assistants, il les aspergea à leur tour. Hubert et Hubertine, agenouillés côte à côte, dans leur besoin de foi ardente, se courbèrent sous l'ondée de cette bénédiction. Et l'évêque bénissait aussi la chambre, les meubles, les murs blancs, toute cette blancheur nue, lorsque, en passant près de la porte, il se trouva devant son fils, abattu sur le seuil, sanglotant dans ses mains brûlantes. D'un geste lent, il leva par trois fois l'aspersoir, il le purifia d'une pluie douce. Cette eau bénite, ainsi répandue partout, c'était pour chasser d'abord les mauvais esprits, volant par milliards, invisibles. A ce moment, un pâle rayon de soleil d'hiver glissait jusqu'au lit ; et tout un vol d'atomes, des poussières agiles, semblaient y vivre, innombrables, descendus d'un angle de la fenêtre comme pour baigner de leur foule tiède les mains froides de la mourante.

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