Le Ventre de Paris

Le Ventre de Paris (paragraphe n°533)

Chapitre III

Les poissonnières faisaient leur étalage. Sur tous les bancs de marbre, les robinets des angles coulaient à la fois, à grande eau. C'était un bruit d'averse, un ruissellement de jets roides qui sonnaient et rejaillissaient ; et du bord des bancs inclinés, de grosses gouttes filaient, tombant avec un murmure adouci de source, s'éclaboussant dans les allées, où de petits ruisseaux couraient, emplissaient d'un lac certains trous, puis repartaient en mille branches, descendaient la pente, vers la rue Rambuteau. Une buée d'humidité montait, une poussière de pluie, qui soufflait au visage de Florent cette haleine fraîche, ce vent de mer qu'il reconnaissait, amer et salé ; tandis qu'il retrouvait, dans les premiers poissons étalés, les nacres roses, les coraux saignants, les perleslaiteuses, toutes les moires et toutes les pâleurs glauques de l'océan.

?>