Le Ventre de Paris

Le Ventre de Paris (paragraphe n°712)

Chapitre III

Quand l'une d'elles avait un bijou nouveau, c'était une victoire ; l'autre crevait de dépit. Toute la matinée, elles se jalousaient leurs clients, se montraient très maussades, si elles s'imaginaient que la vente allait mieux chez " la grande bringue d'en face. " Puis, venait l'espionnage du déjeuner ; elles savaient ce qu'elles mangeaient, épiaient, jusqu'à leur digestion. L'après-midi, assises l'une dans ses viandes cuites, l'autre dans ses poissons, elles posaient, faisaient les belles, se donnaientun mal infini. C'était l'heure qui décidait du succès de la journée. La belle Normande brodait, choisissait des travaux d'aiguille très délicats, ce qui exaspérait la belle Lisa.

?>