Le Ventre de Paris

Le Ventre de Paris (paragraphe n°824)

Chapitre III

Ecoute-moi bien, reprit-elle d'une voix plus profonde. Tu ne veux pas, je pense, qu'on vienne piller ta boutique, vider ta cave, voler ton argent ? Si ces hommes de chez monsieur Lebigre triomphaient, crois-tu que, le lendemain, tu serais chaudement couché comme tu es là ? et quand tu descendrais à la cuisine, crois-tu que tu te mettrais paisiblement à tes galantines, comme tu le feras tout à l'heure ? Non, n'est-ce pas ?... Alors, pourquoi parles-tu de renverser le gouvernement, qui te protège et te permet de faire des économies ? Tu as une femme, tu as une fille, tu te dois à elles avant tout. Tu serais coupable, si tu risquais leur bonheur. Il n'y a que les gens sans feu ni lieu, n'ayant rien à perdre, qui veulent des coups de fusil. Tu n'entends pas être le dindon de la farce, peut-être ! Reste donc chez toi, grande bête, dors bien, mange bien, gagne de l'argent, aie la conscience tranquille, dis-toi que la France se débarbouillera toute seule, si l'Empire la tracasse. Elle n'a pas besoin de toi, la France !

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