Le Ventre de Paris

Le Ventre de Paris (paragraphe n°872)

Chapitre IV

Cadine et Marjolin ne couchaient plus ensemble, chez la mère Chantemesse, dans la voiture de marchand des quatre-saisons. La vieille, qui les entendait toujours bavarder la nuit, fit un lit à part pour le petit, par terre, devant l'armoire ; mais, le lendemain matin, elle le retrouva au cou de la petite sous la même couverture. Alors elle le coucha chez une voisine. Cela rendit les enfants très malheureux. Dans le jour, quand la mère Chantemesse n'était pas là, ils se prenaient tout habillés entre les bras l'un de l'autre, ils s'allongeaient sur le carreau, comme sur un lit ; et cela les amusait beaucoup. Plus tard, ils polissonnèrent, ils cherchèrent les coins noirs de la chambre, ils se cachèrent plus souvent au fond des magasins de la rue au Lard, derrière les tas de pommes et les caisses d'oranges. Ils étaient libres et sans honte, comme les moineaux qui s'accouplent au bord d'un toit.

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