Nana

Nana (paragraphe n°1024)

Chapitre V

Mais, comme elle remontait à sa loge, madame Bron, qui se promenait de nouveau avec des lettres, lui en remit une. Bordenave, baissant la voix, reprochait furieusement à la concierge d'avoir laissé passer la Tricon ; cettefemme ! juste ce soir-là ! ça l'indignait, à cause de Son Altesse. Madame Bron, depuis trente ans dans le théâtre, répondit sur un ton d'aigreur. Est-ce qu'elle savait ? La Tricon faisait des affaires avec toutes ces dames ; vingt fois monsieur le directeur l'avait rencontrée sans rien dire. Et, pendant que Bordenave mâchait de gros mots, la Tricon, tranquille, examinait fixement le prince, en femme qui pèse un homme d'un regard. Un sourire éclaira son visage jaune. Puis, elle s'en alla, d'un pas lent, au milieu des petites femmes respectueuses.

?>