Nana

Nana (paragraphe n°1220)

Chapitre VI

D'habitude, après le déjeuner, on se rendait au bout du parterre, sur une terrasse qui dominait la plaine. Le dimanche, l'après-midi fut d'une douceur exquise. On avait craint de la pluie, vers dix heures ; mais le ciel, sans se découvrir, s'était comme fondu en un brouillard laiteux, en une poussière lumineuse, toute blonde de soleil. Alors, madame Hugon proposa de descendre par la petite porte de la terrasse, et de faire une promenade à pied, du côté de Gumières, jusqu'à la Choue ; elle aimait la marche, très alerte encore pour ses soixante ans. Tout le monde, d'ailleurs, jura qu'on n'avait pas besoin de voiture. On arriva ainsi, un peu débandé, au pont de bois jeté sur la rivière. Fauchery et Daguenet était en avant, avec les dames Muffat ; le comte et le marquis venaient ensuite, aux côtés de madame Hugon ; tandis que Vandeuvres, la mine correcte et ennuyée sur cette grande route, marchait à la queue, fumant un cigare. Monsieur Venot, ralentissant ou pressant le pas, allait d'un groupe à un autre, avec un sourire, comme pour tout entendre.

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