Nana

Nana (paragraphe n°1265)

Chapitre VI

Mais il y eut une forte émotion. Gaga, tout à coup, dit que c'était elle, Irma en personne, qui se tenait là-bas, devant l'église. Elle la reconnaissait bien ; toujours droite, la mâtine, malgré son âge, et toujours ses yeux, quand elle prenait son air. On sortait des vêpres. Madame, un instant, resta sous le porche. Elle était en soie feuille morte, très simple et très grande, avec la face vénérabled'une vieille marquise, échappée aux horreurs de la Révolution. Dans sa main droite, un gros paroissien luisait au soleil. Et, lentement, elle traversa la place, suivie d'un laquais en livrée, qui marchait à quinze pas. L'église se vidait, tous les gens de Chamont la saluaient profondément ; un vieillard lui baisa la main, une femme voulut se mettre à genoux. C'était une reine puissante, comblée d'ans et d'honneurs. Elle monta le perron, elle disparut.

?>