Nana

Nana (paragraphe n°1518)

Chapitre VIII

Mais Nana ne pouvait se tenir. Elle était dans un ravissement d'amour, toute rose comme une vierge, avec des rires et des regards trempés de tendresse. Les yeux fixés sur Fontan, elle l'accablait de petits noms : mon chien, mon loup, mon chat ; et, lorsqu'il lui passait de l'eau ou du sel, elle se penchait, le baisait au hasard des lèvres, sur les yeux, sur le nez, sur une oreille ; puis, si on la grondait, c'était avec des tactiques savantes, des humilités et des souplesses de chatte battue, quelle revenait, en lui prenant sournoisement la main pour la garder et la baiser encore. Il fallait quelle touchât quelque chose de lui. Fontan faisait le gros dos et se laissait adorer, plein de condescendance. Son grand nez remuait d'une joie toute sensuelle. Son museau de bouc, sa laideur de monstre cocasse s'étalaient dans l'adoration dévote de cette fille superbe, si blanche et si grasse. Par moments, il rendait un baiser, en homme qui a tout le plaisir, mais qui veut se montrer gentil.

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